lundi 10 octobre 2016

Un bénédictin que j'aime...

                                                     
       A mon papa.

  Pour pallier à ma bêtise sur mon autre blog "mémoire en vrac"  j'ai cherché un texte que j'avais mis bien au chaud dans mon ordi.  Et j'ai trouvé la "Chronique du monastère (de Landévennec) "  que j'avais acheté lors de ma dernière visite au début de ce siècle avec une amie poète. Nous avons visité le vieux monastère en ruine et une expo en face où l'on pouvait toucher l'image grandeur nature de celui qui a été et qui est toujours le cousin de mon propre père. Le Père Félix, comme ils disent.
Mes soeurs et moi l'avons souvent vu et il nous avait parlé des raisons qui l'avaient fait choisir l'habit de moine.
  Depuis, j'ai beaucoup d'admiration pour lui, et pour Saint Benoît qui me parait extraordinaire car la plupart des ordres religieux pratique la loi de St Benoît. Voir L'humilité selon Saint Benoît que je possède et dont j'ai parlé, peut-être, ou bien dont je parlerai...


   Dans ce livret dit "Chronique du monastère" il y a cet article (partiel) suite à la mort du Père Félix, cousin de papa. 


 CHRONIQUE DU MONASTERE  (Landevennec) 

De même que le mois de novembre avait été marqué par la Bénédiction de notre nouveau Père Abbé, de même celui de décembre le fut par le décès de notre ancien Abbé, le Père Félix (décembre 1991). Le temps, particulièrement froid et brumeux en avaient retenu plusieurs, et dans les jours qui suivirent nous parvinrent nombre de lettres témoignant de la grande vénération et affection dont notre Père Félix était l’objet :  « Disponible, attentif, indulgent, le décrira Josette Voiton dans le Courrier du Finistère;  un moine tout entier tourné vers celui ou celle qui attendait conseil, compréhension, réconfort, aide, compassion ; un moine qui savait calmer les angoisses, ouvrir les cœurs, indiquer la direction, encourager ; un moine dont l’humilité, le retrait mais aussi la fermeté l’invitaient à une profonde réflexion ». La succession si rapide de ces deux événements n’était pas pour nous sans signification. Le Père Félix avait fondé Landévennec et depuis quarante ans l’arbre s’était enraciné et avait étendu ses ramifications ; une page était maintenant tournée, il nous fallait résolument nous tourner vers l’avenir.
Nous avons cru à l’amour    (Homélie du P. Abbé pour la veillée funèbre du Père Félix)   Il était d’usage autrefois qu’un Abbé, comme un évêque, se choisisse une devise. Le Père Abbé Louis-Félix avait tiré la sienne de la Première Lettre de saint Jean, ch. 4 :16 «Nous avons cru à l’amour » - L’expression est caractéristique du langage de Jean, qui voit dans la foi la source de la vraie connaissance. On ne connaît pas Dieu d’abord, pour croire en lui ensuite. On croit en Dieu et en son amour, de là vient qu’on les connaît l’un et l’autre. Le Père Félix a vécu au milieu de nous comme un grand croyant. Son discours sur la foi, la nécessité de la foi, paraissait avoir parfois quelques accents volontaristes. Il aimait répéter l’une des dernières paroles – à moitié bretonne, à moitié française – d’un jeune frère, François Cabon, décédé en 1949 : « C’est pas comprendre que c’est, c’est croire qu’il faut ». Il citait aussi le mot de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus :  « Je  veux croire ». Il voyait dans la foi la mise en acte de la confiance et de l’amour. A nos complications d’adultes, à nos susceptibilités intellectuelles, il opposait la simplicité de l’enfant qui met sa main dans celle de sa mère et se laisse guider. Tous ceux et celles qui ont approché le Père Félix pourraient témoigner que la foi, la priorité de la foi, était chez lui un état d’esprit et la disposition habituelle de son cœur et de son intelligence.
Une autre dimension constante et profonde de sa vie était son désir de prendre part à la Pâque du Christ. Il a été touché par le petit mot « Il faut » qui revient sur les lèvres de Jésus quand il parle de sa mort et de sa résurrection : « Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans le livre de Moïse, les prophètes et les psaumes »  (Luc 24 :44)

 Il recevait ce mot dans la foi ;  il y croyait, et de sa foi en cette parole naissaient chez lui connaissance et certitude : il n’y a pas de moisson sans  semailles ;  pour germer, le grain de blé doit mourir...

     Ce dernier paragraphe me fait penser à quelque chose, tiens...   (je n'oublierai pas de chercher).
       à suivre, probablement...

mardi 4 août 2015

Saint Benoît et sa sagesse

   Un jour j'ai acheté un livret sur "L"humilité selon St Benoît"  parce que mon père avait un cousin bénédictin que j'ai beaucoup aimé toute ma vie.  J'ai beaucoup aimé le livre, aussi.

   J'ai copié trois degrés (St Benoît égrène ses conseils en degrés) qui se suivent et qui sont voisins.

"Les trois degrés suivants vont décrire l'homme humble comme un homme qui se possède parfaitement. Il possède son silence, son rire, sa parole.  Ni Marie, ni même Jésus,  n'ont laissé beaucoup de paroles à leurs disciples, mais chacune demeure.
De même on ne sait pas si dans la Sainte Famille il y  a eu beaucoup d'éclats de rire ou plutôt une certaine gravité.  L'homme humble est habité par la Parole qui le précède, aussi son silence n'est pas vide, sa parole n'est pas vaine, son rire n'est pas sot.  Désormais cette humble possession de soi est naturelle à cet homme. 

  Le silence lui était au début une ascèse mais au fur et à mesure que son dialogue s'enrichit avec Dieu, il devient de plus en plus capable de garder sa parole, se réservant de parler lorsqu'on l'interroge. Ce silence va de pair avec la prière...  Son silence traduit son respect devant les personnes. Il écoute, il n'interrompt pas, parce que ce que disent les autres est plus important que ce qu'il aurait à dire. Et sa parole, il la réserve à Dieu. 
...  L'homme humble accepte les contraintes avec joie car il sait que son silence intérieur s'évaporerait dans un climat de bruit et de bavardage.  Ce silence préserve la parole et lui donne toute sa densité et l'efficacité d'une présence. Cette Parole, c'est celle de Dieu que nous avons à accueillir, à garder dans le coeur et à faire fructifier.

   Mais cette parole est aussi la nôtre. Nous avons à être vigilants sur nos propres paroles. L'homme humble possède l'esprit et le silence et il sait pourtant répondre aux questions muettes qui ne s'expriment pas et que sa charité sait deviner. Il n'est plus centré sur lui-même et son silence est attentif aux autres et le rend prêt à répondre à leur attente.  Ce silence est attente de Dieu et des autres, attente et attention.  L'homme ne vit plus à la périphérie de ses sens ou de son imagination,il atteint l'écoute de son propre coeur. Il est, suivant l'expression de Heidegger, le "berger de l'être veillant sur ce qui naît, sur ce qui meurt, et sur tout ce qui "renaît".  Son silence est vigilance et attente.


     Le rire :   Un autre indice permet de reconnaître l'humilité. C'est la façon que l'homme a de rire et l'usage qu'il en fait. Rien, en effet, n'est plus signifiant que le rire. 
  L'homme humble possède son rire alors que le sot éclate de rire...
  L'homme qui obéit à chaque moment à Dieu, aux hommes, à sa nature avec discernement, reste libre, disponible et sans tension intérieure.  Et s'il le faut, il saura rire à bon escient.  Jean Vanier raconte comment il est nécessaire, en communauté, qu'on se donne du bon temps pour rire, dédramatiser, pacifier. 

   L' homme humble a lui-même un rire profondément communicatif qui détend son entourage. Il sait récréer ses frères s'il le faut... Certains sont prestidigitateurs. Mais l'humilité possède son rire et la 
 récréation terminée elles sait retrouver le silence...

  Le sourire, lorsqu'il est devenu sur un visage presque permanent, est le signe de la force d'âme des humbles. Ce n'est pas le rire facile et naturel qu'on peut avoir en sortant d'un bon repas. Le sourire des humbles ne trompe pas et il est parfois héroïque. 

          Cependant, la plus grande qualité est peut-être l'humour. 
L'humour plonge ses racines dans la tendresse et se distingue ainsi de l'ironie, elle, qui fait grincer et détruit. 
"Ne cherche pas trop à vouloir être appelé saint avant de l'être" nous dit saint Benoît avec le sourire de l'humour...     

  La prière elle-même, de l'homme humble, n'est pas bavarde. Elle ne consiste pas en des idées sublimes, mais elle rumine la Parole de Dieu dans le silence. Elle ne se regarde pas prier, elle ne se fait pas spectateur et admirateur de cette grâce. Elle écoute seulement. 


 

   J'ai écrit sur mon cahier,  entre parenthèses :  Comme la fin me fait penser à Landevennec et aux moines dont j'ai entendu parler dans les chroniques de l'Abbaye que j'ai achetées dans la boutique. Et puis, aujourd'hui, je pense au Dalay-Lama et la plupart des moines thibétains de par le monde.
Cela repose...  finalement.

                          Mais où est le troisième degré ?  la parole ?  A voir.  Chercher le livre... 

mardi 9 décembre 2014

Une pensée du jour

"Vivre en état de gratitude est une magnifique forme de prière, ouverte à tous, à toutes." 

   C'est très rassurant. Pratiquons la gratitude universelle. 

   Je suis reconnaissante pour cette période de Noël où je peux me réjouir de ces petits films pleins de bonté sur l'esprit de Noël.   Et puis, mon chat, auquel je m'habitue vraiment.  Il a 8 mois et il est plein de vie.  Peut-être me comprend-il ?

                                                  Titou minou au repos :  c'est beau

   Je reprends le blog. Il m'a trop manqué.  A plus.



lundi 20 mai 2013

On est lundi de Pentecôte

     Ce matin, très tôt,  le chat m'ayant réveillé comme à son habitude,  j'ai mis la main sur un magazine près de moi et j'ai aimé le message. J'en livre certaines parties, qui parlent de Pentecôte, et qui donnent des conseils de sagesse pour les temps que nous vivons.

  Gonzalo Sepulveda, dirigeant chilien de mon Eglise, a dit :  Dans ce monde actuel, nous voyons la crainte, la confusion, la violence et la corruption. Ces sentiments et ces actions viennent en partie de ce que nous ne nous appuyons pas sur le Seigneur et de ce que nous ne recherchons pas la sagesse par la révélation personnelle... Dans Jacques 1 :5, il est dit que la sagesse nous est généreusement donnée.    " Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée."  Joseph Smith, le prophète, a cherché la sagesse par la révélation et le résultat a été qu'il a fait paraître une connaissance immense pour le genre humain.

   Le Seigneur a déclaré par son intermédiaire qu'après une sécheresse spirituelle, arriverait le temps où il répandrait son Esprit sur toute chair. Il ajoute : "Vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, et vos jeunes gens des visions"  (Joël 2 : 28).  La même écriture a été citée par l'apôtre Pierre, le jour de la Pentecôte où environ trois mille âmes ont été baptisées  (Actes 2 : 17, 41).

... Nous pouvons rechercher pour nous-mêmes la sagesse par la révélation personnelle. Le plus souvent, elle nous est donnée sous forme d'impressions et de murmures discrets. Si nous voulons bien méditer sur une situation qui nous inquiète, prier Dieu avec ferveur pour recevoir de l'aide et nous efforcer de suivre ses commandements, la révélation se déversera dans notre esprit et nous serons une lumière pour notre entourage...
                                  (extraits du Liahona février 2005)




La Sagesse chinoise a dit :  "Ne craignez pas d'avancer lentement, craignez seulement de rester sur place." 
                                           
                                                Je pense, donc je suis.  Sage, aussi.  Miaou !

samedi 18 mai 2013

Croire en soi

                                                     


"Notre plus grand besoin dans la vie, c'est d'avoir quelqu'un qui nous fera faire ce que nous sommes capables de faire."      Ralph Waldo Emerson

Ah, que cette citation est bonne !    J'ai connu dans ma vie un couple merveilleux qui m'a aidée à mettre en application ce que j'étais capable de faire.  Je ne le savais pas que je pouvais faire des jolies choses et partager ces choses avec d'autres.  Je l'ai fait pendant 7 ou 8 ans avec toute l'énergie et la fidélité nécessaire. J'ai arrêté pour des raisons extérieures à moi. Sans regrets.  Mais je me suis aperçue que mes blogs m'étaient nécessaires. Besoin de partage.

Ici, ce n'est pas exactement facile à cause du thème. "Croire".

J'ai été privée d'ordinateur depuis fin septembre. Emprunté ici et là mais pas le temps de faire du personnel.

Ce couple qui m'a soutenue m'a sauvée de moi-même et des autres. Pour moi ils furent mes parents spirituels et mon frère et ma soeur à cause de l'âge.  J'étais située entre les deux par la date de naissance. Ce fût un bonheur que de partager les belles choses avec eux.  Le travail ou les concerts de musique où nous sommes allés.

J'ai trouvé un discours de Henry Eyring, et je partage une phrase :  ..."  Dieu connaît nos dons. Je nous lance le défi, à vous et à moi, de prier pour connaître les dons que nous avons reçu, pour savoir comment les cultiver et pour reconnaître les occasions que Dieu nous donne de servir les autres..."

Boris Cyrulnik a dit dans Panorama de janvier 2013 :  "Il faut donner sens à notre passage sur terre. Pour moi, c'est de cette aspiration que naît la spiritualité de tout être humain...  Je me ressource par la recherche du sens et de la beauté.
La recherche du sens, comprendre, lire, rencontrer, tout cela me ressource. Quant à la beauté, elle est aussi proche de la spiritualité, non ?  Au Moyen-âge, les gens ne pensaient-ils pas qu'un rayon de soleil à travers les vitraux était une preuve de l'existence de Dieu ? "
    Je trouve ceci très beau.  

                           

lundi 25 juin 2012

L'ingratitude des autres ? une chance... peut-être !

        Bon, j'embarque dans mon galion où je partage mes pensées sur des défauts qui peuvent déboucher sur du bien.  Ici  l'ingratitude des autres, et pire, recevoir la critique après avoir tant fait pour le bien de pauvres choses.  Cela arrive.  Mais Marcelle Auclair a une vue autre et comme je viens de retrouver ses mots dans mon dossier "notes pour le blog"  je le fais ici;  j'ai tilté sur le titre et j'ai lu.  Bonheur que de lire Marcelle. 


   Autrement, je compte ouvrir un autre blog pour parler du chat et des petits soucis ou des petits bonheurs de chaque jour. De certains jours. Poésie ?  Peut-être...
           

            Les ingrats ont un père...   (extrait du « livre du bonheur » de Marcelle Auclair)

   Donnez et vous recevrez ?   Il n'est pas nécessaire d'être doué d'un sens très vif de la controverse pour m'objecter des cas multiples où nous avons fait preuve du plus grand dévouement, comblé des gens de nos gentillesses, de nos largesses, pour ne recueillir en retour qu'ingratitude.
   Voilà pourquoi :  ce ne sont pas ceux-là même à qui nous avons fait du bien qui obligatoirement nous paient de retour; il se peut qu’ils soient, eux, sur un plan très bas de la misère humaine, si stériles en amour, en reconnaissance, qu’ils sont capables de prendre, mais, hélas !  Jamais de rendre. C’est leur affaire. Cela ne doit pas nous empêcher de leur venir en aide; peut-être comprendront-ils un jour :  nous devons charger nos bienfaits de ce vœu.
   Mais ces pauvres -  ils peuvent être riches à millions, ce sont tout de même des pauvres -  ont un père, le même que le nôtre à tous : la grande puissance créatrice qui maintient les mondes en équilibre. C’est ce Père qui répond pour eux, c’est ce Père qui nous rembourse, c’est ce Père qui nous rend amour pour amour, dévouement pour dévouement, largesses pour largesses. Il est très bon payeur; soyez sans crainte, vous ne travaillerez jamais pour lui à fonds perdus…
   L’ingratitude ne doit donc pas vous affliger, sauf de la peine très tendre que peut nous causer l’aveuglement de nos semblables; elle ne doit surtout pas vous faire douter de la vérité de l’une des plus belles lois qui régissent le monde. Persistez à donner, et d’admirables surprises vous sont réservées; le jour où vous vous y attendrez le moins, s’ouvriront, à votre intention, des écluses de joie, de prospérité; des mains affectueuses, parfois même inconnues, se tendront vers vous lorsque vous aurez besoin de secours, et vous recevrez mille fois  ce que vous aurez donné.
   Ne croyez pas qu’il y ait là un calcul; ce n’est pas un calcul que de croire aux promesses des sages, comme à celles de l’Écriture. Il nous est demandé de devenir comme des petits enfants : l’enfant n’est pas un vil calculateur lorsqu’il obéit à sa mère sachant qu’elle ne l’en aimera que mieux et le gâtera même un peu. Ayons, sans arrière-pensée, cet abandon enfantin, cet amour filial, fait de confiance et même d’exigences. L’enfant dit :  « Maman, tu as promis… »  Pourquoi hésiterions-nous à réclamer à notre Père ce qu’il nous a promis, à nous, ses grands enfants ?  Ce serait de l’orgueil, du manque d’affection.  Aimons, simplement, et soyons en paix.

Conseil de Marcelle Auclair :
Balayez au fin fond de votre cœur toute rancune envers un ingrat. Il vous a donné, déjà, quelque chose de splendide :  l’occasion d’être généreux. Bénissez-le !

                                                           
                                  Zen, soyons zen.....  zzzzzzzzzzzzzzzzzzzz




     Ben, ça fait du bien,  finalement. C'est dur, mais c'est fort...  et intelligent.  
 

              Oui, oui.     Mais je suis flappie  !



samedi 23 juin 2012

Pour une meilleure vie



          J'ai repris mon livre sur Sénèque, livre que j'ai depuis plein d'années, quelques décennies même.  Mais aussi "le livre du bonheur" de Marcelle Auclair. Livre plus récent, certes, mais plein de positivité. (Edité  en 1959 dans sa version complète.)

     Sénèque parle de savoir prendre le temps de faire des choses saines au lieu de s'abrutir d'activités inutiles. Surtout en fin de vie.  (Excellent !)

     Marcelle parle de l'envie. La jalousie aussi. 
     L'orgueil me parait quelque chose d'improbable.  Comment peut-on être orgueilleux alors que les choses nous échappent.  Un peu de vanité, peut-être ?  Péché de jeunesse, car aujourd'hui elle n'a plus lieu d'être, la vanité. Je veux dire en prenant de l'âge.
     Et puis, Marcelle Auclair nous apprend de bons trucs pour mieux communiquer avec les autres. Avec nous-même aussi, peut-être.  Un peu comme Sénèque l'a fait, le soir au coucher.
Beau profil de Marcelle.



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           La colère,  la vie,   et aussi l'envie   (Sénèque, puis Marcelle Auclair - bizarre comme association)


    La colère je connais. Hélas, trois fois hélas.  Quand je ne suis pas bien dans ma tête je peux piquer une colère. Pas souvent, mais après j'ai honte. 

    J'ai trouvé des bouts de textes dans le livre sur Sénèque sur la colère. Et c'est bien.



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 ...  Il faut diriger, il faut fortifier tous nos sens. Leur nature est d'être patients :  si l'âme cherche à les corrompre, il faut tous les jours l'appeler à rendre compte. Ainsi faisait Sextius :  sa journée terminée, au moment de se livrer au repos de la nuit, il interrogeait son âme :  De quel défaut t'es-tu, aujourd'hui, guérie; quel vice as-tu combattu ?  En quoi es-tu devenue meilleure ?  La colère s'apaisera et deviendra plus modérée quand elle saura qu'elle devra tous les jours comparaître devant un juge. Quoi de plus beau que cette habitude de faire l'enquête de toute sa journée ?  Quel sommeil que celui qui succède à cette revue de ses actions !  Qu'il est calme, profond et libre, lorsque l'âme a reçu sa portion d'éloge ou de blâme, et que, soumise à son propre contrôle, à sa propre censure, elle a fait secrètement le procès de sa conduite !

      Sénèque ajoute :  J'ai pris cette autorité sur moi, et, tous les jours, je me cite devant moi-même. 
Dès que la lumière est retirée de devant mes yeux, et que ma femme, déjà au courant de cette habitude, a fait silence, je discute en moi-même ma journée entière, et je pèse de nouveau mes actes et mes paroles. Je ne me dissimule rien, je ne passe rien; pourquoi, en effet, craindrais-je d'envisager une seule de mes fautes, quand je puis me dire : Vois à ne plus faire cela; pour aujourd'hui je te pardonne : dans telle discussion, tu as parlé avec trop d'aigreur : ne va pas désormais te compromettre avec des ignorants : ceux qui n'ont rien appris ne veulent rien apprendre : tu as fait tel reproche plus librement qu'il ne convenait; aussi tu n'as pas corrigé, mais offensé :  vois à l'avenir non seulement si ce que tu dis est vrai, mais si celui à qui tu le dis peut endurer le vrai.

-   C'est beau n'est-ce pas ?  


      A cause de la brièveté de la vie (de Sénèque) :   

... la sagesse est à l'abri de toute atteinte;  aucun âge ne peut la détruire, aucun âge l'affaiblir. Le siècle suivant, et tous les autres à mesure qu'ils s'accumuleront, viendront ajouter quelque chose aux respects qu'elle inspire :  car l'envie s'attache à ce qui est proche, et nous admirons plus facilement ce qui est placé loin. La vie du sage est donc fort étendue :  elle n'est pas renfermée dans les limites assignées aux autres. Seul il est affranchi des lois du genre humain. Tous les siècles lui sont soumis comme à Dieu. Le temps passé, il le ressaisit par le souvenir ;  le présent, il sait en user ; l'avenir, il en jouit d'avance.  Tous les temps, réunis en un seul, lui font une longue vie. Mais qu'elle est courte et inquiète l'existence de ceux qui oublient le passé, négligent le présent et redoutent l'avenir !  Ce n'est qu'arrivés au dernier moment, qu'ils comprennent trop tard, les malheureux, qu'ils ont été si longtemps occupés à ne rien faire. 

-   J’aime beaucoup.  C’est tout. Du mal à imaginer que ce soit très vieux.  Il est né,  à Cordoue, au début de notre ère. Comme Jésus-Christ. Mais il vivait avec les Romains. Il a éduqué Néron. Enfin, il a essayé. Et c’est Néron qui le somma de se suicider.  Il le fit vers 65 après JC.

                                                         Mort de Sénèque par saignement dans sa baignoire
            

 L’envie bouche l’horizon   (extrait du livre de Marcelle Auclair)  

   L’envie, même lorsqu’elle n’est pas accompagnée de très méchants sentiments, crée des obstacles entre les biens de ce monde et nous.
C’est ce que s’avisa de penser  Mme N.D…  un jour où elle poussait un soupir en voyant une luxueuse automobile doubler l’autocar dans lequel, tous les jours, cahin-caha, elle allait à son travail. Elle habitait assez loin de Paris, et les attentes sous la pluie, une heure de trajet, plus une demi-heure de métro, finissaient par lui causer une grande fatigue.
   Elle se dit soudain : « Je ne puis maîtriser un mouvement de jalousie lorsque je vois des gens rouler en voiture, j’envie mes amis qui possèdent une auto.  Ce sentiment n’est pas joli-joli…  A partir d’aujourd’hui, j’enverrai du fond du cœur une grande bénédiction à tous les automobilistes qui attireront mon attention. »
   Désormais, les voitures qu’elle croisait filèrent, chargées de ses bons vœux; elle en éprouva un vif contentement.
   Deux mois, trois s’écoulèrent. Un jour, à son bureau, coup de téléphone : un notaire l’appelait de Nice. Elle possédait dans un coin perdu des Alpes-Maritimes une petite propriété qu’elle souhaitait vendre depuis longtemps, mais nul acquéreur ne se présentait. Elle ne s’en souciait d’ailleurs pas autrement, la croyant sans valeur.
   Ce notaire lui proposait un acheteur: c’était pressé, c’est pourquoi il lui téléphonait au lieu d’écrire.
   Elle se mit à rire : 
-  M’offre-t-on de quoi acheter une 2 CV ?
-  Une 2 CV ?  Mais oui !  Et même un avion de tourisme si le cœur vous en dit !
   Mme N.D…  eut donc sa 2 CV et de quoi l’abreuver d’essence régulièrement. Tel fut l’effet de son changement d’attitude mentale.  Rien n’est plus normal.

APPLICATION.  Êtes-vous mécontent de votre situation ?  Au lieu d’envier ceux qui gagnent assez d’argent pour ne pas s’inquiéter des fins de mois, accompagnez-les de vos bons vœux.
   Cherchez-vous un appartement, désespérément, avec une sombre jalousie à l’égard des gens qui sont logés ?  Bénissez-les, c’est meilleur pour la santé, et plus efficace.
   Malade, nourrissez-vous à l’égard des bien-portants des sentiments de rancune ?  (J’ai entendu une malade dire d’une femme de bonne mine : « Elle m’agace, avec sa bonne santé ! »)  Réjouissez-vous, au contraire et louez le ciel en leur nom.
    Ah !  Si nous prenions au sérieux l’enseignement qui nous est donné !  Le mur qui nous sépare du bonheur peut avoir sept épaisseurs : celle des sept péchés capitaux.