samedi 23 juin 2012

Pour une meilleure vie



          J'ai repris mon livre sur Sénèque, livre que j'ai depuis plein d'années, quelques décennies même.  Mais aussi "le livre du bonheur" de Marcelle Auclair. Livre plus récent, certes, mais plein de positivité. (Edité  en 1959 dans sa version complète.)

     Sénèque parle de savoir prendre le temps de faire des choses saines au lieu de s'abrutir d'activités inutiles. Surtout en fin de vie.  (Excellent !)

     Marcelle parle de l'envie. La jalousie aussi. 
     L'orgueil me parait quelque chose d'improbable.  Comment peut-on être orgueilleux alors que les choses nous échappent.  Un peu de vanité, peut-être ?  Péché de jeunesse, car aujourd'hui elle n'a plus lieu d'être, la vanité. Je veux dire en prenant de l'âge.
     Et puis, Marcelle Auclair nous apprend de bons trucs pour mieux communiquer avec les autres. Avec nous-même aussi, peut-être.  Un peu comme Sénèque l'a fait, le soir au coucher.
Beau profil de Marcelle.



                                            ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
           La colère,  la vie,   et aussi l'envie   (Sénèque, puis Marcelle Auclair - bizarre comme association)


    La colère je connais. Hélas, trois fois hélas.  Quand je ne suis pas bien dans ma tête je peux piquer une colère. Pas souvent, mais après j'ai honte. 

    J'ai trouvé des bouts de textes dans le livre sur Sénèque sur la colère. Et c'est bien.



---------------------------------------------------------------------

  
 ...  Il faut diriger, il faut fortifier tous nos sens. Leur nature est d'être patients :  si l'âme cherche à les corrompre, il faut tous les jours l'appeler à rendre compte. Ainsi faisait Sextius :  sa journée terminée, au moment de se livrer au repos de la nuit, il interrogeait son âme :  De quel défaut t'es-tu, aujourd'hui, guérie; quel vice as-tu combattu ?  En quoi es-tu devenue meilleure ?  La colère s'apaisera et deviendra plus modérée quand elle saura qu'elle devra tous les jours comparaître devant un juge. Quoi de plus beau que cette habitude de faire l'enquête de toute sa journée ?  Quel sommeil que celui qui succède à cette revue de ses actions !  Qu'il est calme, profond et libre, lorsque l'âme a reçu sa portion d'éloge ou de blâme, et que, soumise à son propre contrôle, à sa propre censure, elle a fait secrètement le procès de sa conduite !

      Sénèque ajoute :  J'ai pris cette autorité sur moi, et, tous les jours, je me cite devant moi-même. 
Dès que la lumière est retirée de devant mes yeux, et que ma femme, déjà au courant de cette habitude, a fait silence, je discute en moi-même ma journée entière, et je pèse de nouveau mes actes et mes paroles. Je ne me dissimule rien, je ne passe rien; pourquoi, en effet, craindrais-je d'envisager une seule de mes fautes, quand je puis me dire : Vois à ne plus faire cela; pour aujourd'hui je te pardonne : dans telle discussion, tu as parlé avec trop d'aigreur : ne va pas désormais te compromettre avec des ignorants : ceux qui n'ont rien appris ne veulent rien apprendre : tu as fait tel reproche plus librement qu'il ne convenait; aussi tu n'as pas corrigé, mais offensé :  vois à l'avenir non seulement si ce que tu dis est vrai, mais si celui à qui tu le dis peut endurer le vrai.

-   C'est beau n'est-ce pas ?  


      A cause de la brièveté de la vie (de Sénèque) :   

... la sagesse est à l'abri de toute atteinte;  aucun âge ne peut la détruire, aucun âge l'affaiblir. Le siècle suivant, et tous les autres à mesure qu'ils s'accumuleront, viendront ajouter quelque chose aux respects qu'elle inspire :  car l'envie s'attache à ce qui est proche, et nous admirons plus facilement ce qui est placé loin. La vie du sage est donc fort étendue :  elle n'est pas renfermée dans les limites assignées aux autres. Seul il est affranchi des lois du genre humain. Tous les siècles lui sont soumis comme à Dieu. Le temps passé, il le ressaisit par le souvenir ;  le présent, il sait en user ; l'avenir, il en jouit d'avance.  Tous les temps, réunis en un seul, lui font une longue vie. Mais qu'elle est courte et inquiète l'existence de ceux qui oublient le passé, négligent le présent et redoutent l'avenir !  Ce n'est qu'arrivés au dernier moment, qu'ils comprennent trop tard, les malheureux, qu'ils ont été si longtemps occupés à ne rien faire. 

-   J’aime beaucoup.  C’est tout. Du mal à imaginer que ce soit très vieux.  Il est né,  à Cordoue, au début de notre ère. Comme Jésus-Christ. Mais il vivait avec les Romains. Il a éduqué Néron. Enfin, il a essayé. Et c’est Néron qui le somma de se suicider.  Il le fit vers 65 après JC.

                                                         Mort de Sénèque par saignement dans sa baignoire
            

 L’envie bouche l’horizon   (extrait du livre de Marcelle Auclair)  

   L’envie, même lorsqu’elle n’est pas accompagnée de très méchants sentiments, crée des obstacles entre les biens de ce monde et nous.
C’est ce que s’avisa de penser  Mme N.D…  un jour où elle poussait un soupir en voyant une luxueuse automobile doubler l’autocar dans lequel, tous les jours, cahin-caha, elle allait à son travail. Elle habitait assez loin de Paris, et les attentes sous la pluie, une heure de trajet, plus une demi-heure de métro, finissaient par lui causer une grande fatigue.
   Elle se dit soudain : « Je ne puis maîtriser un mouvement de jalousie lorsque je vois des gens rouler en voiture, j’envie mes amis qui possèdent une auto.  Ce sentiment n’est pas joli-joli…  A partir d’aujourd’hui, j’enverrai du fond du cœur une grande bénédiction à tous les automobilistes qui attireront mon attention. »
   Désormais, les voitures qu’elle croisait filèrent, chargées de ses bons vœux; elle en éprouva un vif contentement.
   Deux mois, trois s’écoulèrent. Un jour, à son bureau, coup de téléphone : un notaire l’appelait de Nice. Elle possédait dans un coin perdu des Alpes-Maritimes une petite propriété qu’elle souhaitait vendre depuis longtemps, mais nul acquéreur ne se présentait. Elle ne s’en souciait d’ailleurs pas autrement, la croyant sans valeur.
   Ce notaire lui proposait un acheteur: c’était pressé, c’est pourquoi il lui téléphonait au lieu d’écrire.
   Elle se mit à rire : 
-  M’offre-t-on de quoi acheter une 2 CV ?
-  Une 2 CV ?  Mais oui !  Et même un avion de tourisme si le cœur vous en dit !
   Mme N.D…  eut donc sa 2 CV et de quoi l’abreuver d’essence régulièrement. Tel fut l’effet de son changement d’attitude mentale.  Rien n’est plus normal.

APPLICATION.  Êtes-vous mécontent de votre situation ?  Au lieu d’envier ceux qui gagnent assez d’argent pour ne pas s’inquiéter des fins de mois, accompagnez-les de vos bons vœux.
   Cherchez-vous un appartement, désespérément, avec une sombre jalousie à l’égard des gens qui sont logés ?  Bénissez-les, c’est meilleur pour la santé, et plus efficace.
   Malade, nourrissez-vous à l’égard des bien-portants des sentiments de rancune ?  (J’ai entendu une malade dire d’une femme de bonne mine : « Elle m’agace, avec sa bonne santé ! »)  Réjouissez-vous, au contraire et louez le ciel en leur nom.
    Ah !  Si nous prenions au sérieux l’enseignement qui nous est donné !  Le mur qui nous sépare du bonheur peut avoir sept épaisseurs : celle des sept péchés capitaux.

Aucun commentaire: